lundi 29 février 2016

Chronique • Vango T1 - Timothée de Fombelle


 
Monsieur l'écrivain,
Comment vous dire tout ce que votre livre m'a fait ressentir ? Vango est un livre tellement complet. J'ai aimé ce mélange d'aventure, d'enquête policière et de romance. La diversité des points de vue, la liberté que vous avez prise de changer au sein même des chapitres, les voix et les lieux m'a beaucoup intéressée. Habituellement, j'ai toujours la sournoise envie de sauter des chapitres pour savoir ce qui arrive à tel ou tel personnage, mais votre histoire est tellement bien ficelée, vos personnages sont si bien liés que jamais je n'ai eu l'envie de couper à travers champs. Tous vos personnages m'ont intéressé. Je ne pourrais pas dire lesquels j'ai préféré, tant ils m'ont semblé vrai. Vango est un jeune homme très attachant. Son passé contribue beaucoup à l'affection que j'ai pour lui et les récits de son enfance m'ont fait voyager jusqu'aux iles Éoliennes. La figure de femme forte d'Ethel (à seulement 20 ans !) m'a vraiment surprise. Je ne m'attendais pas à un tel personnage, je l'imaginais beaucoup moins autonome, beaucoup moins émancipée et je dois dire que je la préfère nettement comme vous l'avez imaginée. L'inspecteur Boulard, quant à lui, m'a beaucoup fait rire. Je l'ai trouvé attachant avec ses manières un peu gauches et maladroites. La diversité de vos personnages est incroyable, mais ce n'est pas la seule multiplicité que vous nous proposez. Lire Vango revient à faire un tour du monde. Au début de ma lecture, je me croyais même dans le Zeppelin à traverser les nuages en quête de nouveaux paysages. Les lieux sont tellement différents et on peut se retrouver d'un moment à l'autre sur une ile, en plein Paris ou encore au bord du Loch Ness. J'ai trouvé cela fabuleux et même si quelques fois, il a fallu que je jette un coup d'œil en arrière pour savoir où je me trouvais, vous m'avez offert un véritable voyage.
L'histoire m'a tout d'abord parut très floue, et je me sentais complètement désorientée. Entre Vango accusé d'un meurtre qu'il n'a pas commis, des histoires secrètes de famille, un climat de terreur mit en place par le régime totalitaire nazi préparant la Seconde Guerre, des personnages mystérieux et des révélations étonnantes, je ne savais plus où donner de la tête. Mais il s'agit là d'une jolie réussite : en plus de nous plonger dans des sentiments similaires à ceux que peut ressentir Vango, vous arrivez brillamment à décanter petit à petit les intrigues grâce au filet bien tissé des liens entre vos personnages.
Merci monsieur l'écrivain, votre livre est un voyage dans l'espace et dans le temps.

 

dimanche 14 février 2016

En pellicule • La Belle Personne - Christophe Honorée



Monsieur le réalisateur,
Je n'étais pas destinée à voir votre film. A dire vrai, je pense que si je ne l'avais pas vu en cours de littérature et cinéma, je ne l'aurai jamais vu. Je n'ai pas aimé La Princesse de Clèves, et même si après l'avoir étudiée, j'avais un peu moins d'indifférence pour cette histoire, je ne pense pas que je me serai tournée vers une adaptation. Cependant, votre film a été posé sur mon chemin, et ce n'est peut-être pas si mal finalement. J'ai trouvé que vous avez fait un joli travail de réécriture. Transposer une histoire qui se déroule en 1550, sous la Cour de Henri II et l'intégrer à notre époque, dans un lycée bourgeois parisien a du être un travail d'adaptation remarquable. J'ai aimé reconnaître les nombreuses références à l'œuvre originale et voir comment elles avaient été adaptées. Je dois avouer que l'histoire ne m'a pas parue plus intéressante, mais c'est peut-être du au fait que je la connaissais déjà et que je n'avais aucune affection particulière envers elle. Pourtant, vous avez réussi à me captiver. Le jeu d'acteur est puissant.
J'ai beaucoup aimé les interprétations de Léa Seydoux et Louis Garrel. Elle, est parfaitement dans le rôle de la jeune fille merveilleusement belle, fragile mais destructrice à la fois, mystérieuse, intouchable, presque détestable parfois à cause de cette incompréhension qui plane autour d'elle. Et lui, est sublime dans ce rôle de séducteur plein de charme, de professeur serviable et apprécié, d'homme fou amoureux. Je ne pensais pas que je m'attacherais à ce personnage que je trouvais trop séducteur, trop manipulateur au début mais la tendance s'inversait peu à peu et lorsque je commençais à me détacher de Junie, ne la comprenant vraiment plus, je commençais aussi à prendre en affection M. de Nemours. Il y a un beau jeu sur les personnages principaux. Cependant, les personnages secondaires sont des fantômes et je serai incapable de dire qui est qui. Malgré tout, je reste mitigée sur cet aspect fantomatique de ces personnages qui peut être attribué à l'environnement : au lycée, tous se ressemblent. Je n'ai perçu que très peu de relief. Je souligne tout de même l'effort de traiter l'homosexualité. C'est quelque chose que j'ai beaucoup apprécié car cela ajoutait un thème nouveau à l'œuvre originale, et cela a permis d'apporter un peu de ce relief qui me manquait. De plus, c'est une intrigue qui a été rajoutée de façon très subtile puisqu'elle sert directement à l'intrigue principale.
Finalement, vous avez réussi à me surprendre, là où je m'y attendais le moins. Votre film ne m'a pas transcendée mais grâce au dès bon jeu d'acteur, je suis plutôt contente d'avoir découvert La Belle Personne.
Merci monsieur le réalisateur, vous m'avez joliment surprise.
 

samedi 6 février 2016

Chronique • J'étais là - Gayle Forman



 
Madame l'écrivaine,
Encore une fois, vous avez choisi un sujet difficile, ayant rapport à la mort, un sujet qui demande des mots justes. Vous avez le traité le sujet de façon touchante mais pas larmoyante. Pour cela, merci. Je pourrai dire que j'ai préféré J'étais là à Si je reste, mais je ne pense pas que se soit nécessaire. Ils n'ont pas à être comparés, ils ont chacun leur identité propre. J'ai beaucoup aimé l'enquête menée par Cody et la recherche d'indices que j'ai trouvé très intéressante. Comme je le répète souvent, c'est une chose que j'apprécie énormément, j'aime sentir la tension du personnage en train de chercher, les obstacles auxquels il fait face et surtout, la joie de trouver quelque chose, tout en se demandant “Oui, mais pourquoi, à quoi bon, finalement ?”. J'aime cette difficulté, cette complexité qui règne dans la tête du personnage.
Cody a été un personnage auquel je me suis beaucoup attachée. Elle est différente de l'héroïne habituelle. Simple et banale, elle ne sort de l'ombre que par le suicide de Meg. C'est un paradoxe qui m'a fait réfléchir. La perte de son amie était-elle nécessaire à son épanouissement ? Plutôt glauque comme constatation. C'est un personnage dévoué, près à tout pour savoir la vérité. Elle est l'amie à l'écoute et attentive. Ses réactions envers Ben sont totalement compréhensibles et j'ai aimé l'intelligence dont elle fait preuve. Vous n'avez pas créé une jeune fille anéantie et désespérée mais un personnage fort, combattant et qui mène ses actes jusqu'au bout. Ben est quand à lui l'archétype du garçon mystérieux et séduisant. Il contraste très bien avec la différence de Cody. J'ai apprécié son coté séduisant qui séduit même le lecteur et qui le fait passer comme dangereux à première vue. Cela a permis une belle évolution des deux personnages, tous deux essentiels. Tout au long du récit, vous avez réussi à me plonger dans l'histoire. Comme Cody, j'ai eu du mal à comprendre le geste de Meg, comme Cody, j'ai souffert de l'incompréhension, comme Cody, j'ai constaté l'absence de Tricia. Vous m'avez plongé au cœur de certains stéréotypes américains qui m'ont beaucoup fait sourire : la famille en apparence parfaite de Meg finalement si compliquée, mais surtout la fraternité étudiante, présentée comme végétarienne, adepte du bio, fumeuse, et tellement hippie. Votre style fluide et simple m'a rapprochée de cet univers. J'aurai aimé que cela ne se finisse jamais.
Merci madame l'écrivaine, de m'avoir autant fait sourire tout en abordant un sujet si touchant et difficile.